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Faire rimer transmission avec anticipation !

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“Dès son installation, le cédant devrait être sensibilisé à la transmission !”, avance Xavier Heinzle, conseiller renouvellement des générations en agriculture chez Jeunes Agriculteurs. “Cette démarche permettrait en effet de l’encourager à construire un outil transmissible, d’autant que nous sommes convaincus qu’il connaîtra des changements de carrière tout au long de sa vie professionnelle.” Les jeunes sont désormais conscients que transmission et installation sont intimement liées et qu’il faille investir dans la sensibilisation et la formation… mais aussi dans tout ce qui touche aux aspects humains de la transmission. “L’objectif est de faire correspondre au maximum les aspirations du cédant à celles du repreneur.” Faute de quoi on va tout droit à l’échec !

Extrait de LA POMME DE TERRE FRANÇAISE | N° 618 | JUILLET-AOÛT 2018
Thierry Becqueriaux

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LE MELANGE DU PATRIMOINE ET DE L'ECONOMIQUE

Transmettre, c’est aussi admettre que le projet développé demain ne soit pas identique à celui du cédant. C’est aussi s’interroger sur la viabilité de la notion d’exploitation familiale. À ce sujet, le président de la République a tracé la voie : “l’avenir est à construire : c’est passer de l’exploitant agricole à l’entrepreneur agricole”. Mais le sujet est difficile car “l’un des problèmes majeurs de l’agriculture, c’est bien de mélanger le patrimoine et l’économique”, précise un des nombreux interlocuteurs rencontrés lors de cette enquête. Se préoccuper de la transmission devient urgent, car l’agriculture se prépare à un afflux massif de retraités.
 
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LE DEPART DE 500 AGRICULTEURS

“Actuellement, 50 % des agriculteurs des Hauts-de-France ont plus de 50 ans et la moitié des exploitations aura changé de main dans dix à quinze ans”, relève Amaury Vienne du Crédit Mutuel en poursuivant : “aujourd’hui, on a une installation pour trois départs, voire une pour deux notamment dans l’élevage”. Dans ces deux départements (Nord et Pas de Calais), ce sont 500 agriculteurs qui partiront dans les cinq à dix ans sur les 12 000 à 13 000 exploitants recensés actuellement. Des chiffres qui  permettent de toucher du doigt l’un des problèmes cruciaux de la profession : non seulement le renouvellement n’est plus assuré, mais le déclin est continu, car les exploitations n’ont plus forcément de suites familiales.

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LES MENTALITÉS CHANGENT

Par contre, personne ne se hasarde à écrire les scénarios du futur, ni à énumérer les nouveaux acteurs risquant d’entrer sur la scène de la transmission. Se feront-elles dans un cadre familial, hors cadre familial ? Dans quelle proportion ? Qui va accompagner financièrement ces nouvelles installations ? “Demain, il faudra transmettre différemment”, analyse Jean-Marc Morel, responsable installation-transmission au Point accueil installation transmission (PAIT) des Hauts-de-France. Il a participé à la création de l’un des tout premiers PAIT de France créé en janvier 2015 et constate aujourd’hui qu’en matière d’installation-transmission, “les mentalités changent. Les gens sont plus disposés à parler d’un sujet que tous considère comme complexe”. C’est l’éveil des consciences.
Et dans le domaine, les filières ont aussi leur rôle à jouer. “Beaucoup de choses sont à faire. Être bien informé est important pour choisir les bonnes options, tant du côté juridique, social qu’économique. Mais la question la plus importante a trait à l’accompagnement humain de cette transmission”, insiste Jean-Marc Morel. C’est ainsi que le PAIT NPdC, devenu PAIT Hauts-de-France le 1er janvier 2018, mène principalement des actions d’informations et d’animations, de sensibilisation et de formation à la transmission pour faire comprendre “qu’une transmission se prépare et s’anticipe !”.
D’autant que les interlocuteurs sont nombreux : “les centres de gestion sont dans l’outillage. Ils ont un rôle de sensibilisation et de préparation”. Les Chambres d’agriculture ont repris les dossiers installation après la disparition des Adasea en 2011 (PAI, PAIT). Interviennent également les experts fonciers, les notaires, la Safer… et les établissements financiers.

UN FINANCEMENT DIFFÉRENT

“Transmettre, c’est transmettre du foncier, mais aussi des capitaux acquis en plus de quarante ans à un jeune qui va s’endetter une bonne partie de sa vie”, souligne Jean-Marc Morel. Les banques sont donc au premier rang. Et le banquier veut maîtriser tous les risques… Pour l’instant, il n’a que pour seule réponse des prêts à dix ou quinze ans, voire plus, fondés sur la seule valeur économique de l’exploitation. “Mais aujourd’hui, même si les taux sont très bas, la question ne porte plus sur le taux, mais bien sur la durée”, analyse-t-il.

DE NOUVEAUX SCHÉMAS FINANCIERS SONT DONC À TROUVER

D’autant que de nouveaux intervenants se font jour : des financements participatifs ou des fonds d’investissements prêts à rentrer au capital des sociétés agricoles, comme les SCEA. Labeliance Invest, “un spécialiste des solutions fonds propres au coeur de l’économie et des coopératives”, commence par exemple à investir le secteur agricole depuis la création de son fonds dédié (Labeliance Agri 2013). “C’est un système qui peut donner confiance, car la banque ne prend pas seule le risque.” Et demain, si les pratiques de financement sont différentes de celles d’hier, faudra-t-il allonger la durée des prêts, multiplier le système de location-vente, développer la participation des fonds d’investissements ? Les différentes réformes annoncées répondront-elles aux nouveaux schémas ? De son côté, le PAIT 59-62 avait commencé à travailler à un répertoire des différentes solutions de financement qui proposerait des solutions alternatives… Le travail mérite d’être poursuivi.

 

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